Les autoroutes : faut-il vraiment les privilégier pour le développement régional en France ?

Dans leur ouvrage Une histoire du conflit politique, les économistes Julia Cagé et Thomas Piketty soulignent l’importance de l’accès aux services publics et aux infrastructures de transport, notamment en milieu rural. Les inégalités économiques, sociales et environnementales qui touchent ces zones sont souvent liées à un sentiment d’abandon par rapport aux grandes villes.

Prenant comme exemple le projet de construction de l’autoroute A69 reliant Castres à Toulouse, certains politiques tels que la présidente de la région Occitanie – Pyrénées-Méditerranée, Carole Delga, pensent que le développement passera par la multiplication des infrastructures routières. Cependant, selon Julia Cagé, il est important de privilégier les transports en commun, notamment les trains, plutôt que les autoroutes.

Les autoroutes ne garantissent pas toujours le dynamisme économique

  • Les projets de nouvelles voies express ou de contournement sont nombreux dans les grandes villes françaises (Rouen, Marseille, Paris, Toulouse…).
  • Mais avoir une autoroute ne signifie pas forcément attirer les entreprises et les emplois.
  • Sans attractivité préexistante dans un territoire, les bénéfices d’une nouvelle voie rapide deviennent marginaux.

Le développement inégal des territoires suite à la construction d’autoroutes

Selon Vincent Marchal, maître de conférences et docteur en géographie, l’arrivée des autoroutes dans les années 1960-1970 était perçue comme un signe de modernité, portant des espoirs mais aussi des craintes.

Dans son article Territoires et dessertes par transport rapide, il souligne que si le but initial était d’ouvrir les régions et de contribuer à leur développement économique, la compétitivité accrue d’un territoire n’est pas automatique lorsqu’on s’approche des métropoles ou des petites villes.

  • En effet, de nombreux développements le long des frontières autoroutières sont liés à une dynamique illusoire alimentée par des activités déjà présentes dans l’économie locale.
  • De plus, construire une autoroute entraîne des inégalités économiques, sociales et environnementales.
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L’effet tunnel : le déclin des bourgs au profit des grandes agglomérations

La construction d’autoroutes a souvent pour conséquence d’abandonner les petites communes situées sur d’anciennes routes nationales (où les gens s’arrêtaient pour boire un café ou acheter du pain) au profit des zones commerciales, industrielles et hôtelières qui se développent près des sorties d’autoroutes.

Cet effet est qualifié de « tunnel effect« , c’est-à-dire la perte de l’accessibilité relative pour les petites et moyennes villes lors de la construction d’infrastructures à grande vitesse entre les grandes agglomérations.

Pour un développement régional équilibré, privilégier les transports en commun

Face aux défis économiques, sociaux et environnementaux qui touchent les territoires français, il est essentiel de repenser le rôle des autoroutes dans le développement régional.

  • Il faut mettre l’accent sur les transports en commun, comme les trains ou les bus, et non pas uniquement sur les voies rapides.
  • Cela permettrait de mieux desservir les zones rurales et les petites communes, tout en limitant les inégalités territoriales.
  • Enfin, un tel choix engagerait également une transition vers des modes de déplacement plus écologiques et durables.

En conclusion, si les autoroutes ont certes joué un rôle dans le développement des territoires en France, il semble nécessaire de réfléchir à des alternatives plus respectueuses de l’environnement et de tous les acteurs du territoire, afin de garantir un développement régional harmonieux et équilibré.


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