Autoroute Toulouse – Castres : Extinction Rebellion et des collectifs citoyens intensifient la lutte pour ralentir la construction de l’A69

Ce week-end, des militants écologistes se sont réunis à Sainte-Soline (Deux-Sèvres) pour planifier leur convergence vers la campagne toulousaine et le chantier très contesté de la future autoroute entre la Ville rose et Castres, les 22 et 23 avril. Depuis le début des travaux, la lutte s’est intensifiée et le climat est de plus en plus tendu. Une multitude de groupes, des associations aux collectifs plus informels, et des militants radicaux contribuent à « harceler » le chantier, en utilisant des méthodes variées.

Destruction de la biodiversité pour 12 minutes de temps de trajet

Les CRS sont postés dans les rues de Toulouse à l’attente de la prochaine manifestation contre la réforme des retraites. De l’autre côté de la Ville rose, à la frontière entre la Haute-Garonne et le Tarn, les gendarmes font appel aux hélicoptères pour surveiller les mouvements des militants écologistes, qui s’opposent à la construction de l’A69 entre Toulouse et Castres.

Depuis près d’un mois, à chaque matinée, les jeunes manifestants grimpent aux arbres pour les protéger de l’abattage et tentent par tous les moyens de bloquer les engins de chantier. L’objectif : ralentir la construction de cette autoroute censée économiser 12 à 35 minutes de trajet selon le camp. Pourtant, ce projet qui fait débat depuis près de trente ans a été mis en route très rapidement dès lors que les deux préfectures y ont donné leur feu vert.

En partant de Verfeil jusqu’au petit village de Teulat et en passant par la commune de Vendine qui a dû sacrifier une partie de son alignement de platanes, cette précipitation a ouvert la boîte de Pandore. « C’est totalement inimaginable, incroyable ! 8.000 véhicules par jour sur une autoroute ? Après trente années d’attente, ce projet semble démodé et des recours sont en préparation. La coupe des arbres a déjà commencé sur un chantier qui pourrait être annulé dès avril », s’exclame un opposant de longue date, devenu insomniaque. Il fait partie du collectif La Voie est Libre (LVL).

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Autoroute Toulouse Castres

Des militants déterminées pour défendre l’environnement

Notre militant est engagé dans la lutte depuis des années pour sauver la campagne et ses habitants. Il est rejoint par des agriculteurs, des riverains, des élus ruraux, des défenseurs de l’environnement, qui érigent des pancartes, des banderoles, organisent des pique-niques et des concerts festifs. Ces derniers temps, cependant, il se montre plus réservé, pensant que sa ligne est sur écoute. Par conséquent, il passe des nuits blanches à surveiller des arbres condamnés, vérifiant s’ils font bien partie des parcelles réellement expropriées. S’il y a le moindre doute, il donne l’alerte et ses camarades se rassemblent pour former des « boucliers citoyens » autour des platanes et des ébrancheuses. Tout cela, au détriment de sa vie personnelle.

La montée en puissance des citoyens en matière de vigilance se traduit par leur conversion à des messageries cryptées comme Signal. Cette prise de conscience s’est intensifiée à la suite de l’arrivée des engins de chantier, et a culminé avec le sabotage par un groupe anonyme d’un de ces engins en janvier. Cette action a mis en évidence l’importance de la surveillance policre.

Il y a une semaine, Thomas Brail, du Groupe national de surveillance des arbres (GNSA), a commencé à publier des vidéos où il est courageusement perché sur un platane de Vendine. Le groupe Extinction Rébellion Toulouse a également fait de ces actions spectaculaires sa spécialité. Ils sont à l’origine des apparitions des écureuils peu farouches, du plantage de tentes sous les arbres et des blocages physiques d’engins en toges rouges et masques mortuaires. «Camille», un membre du groupe, déclare que «nous pouvons mobiliser de manière très informelle 30 à 40 militants très actifs et immédiatement disponibles, à tout moment, dans le Tarn ou à Toulouse, et ce ne sont pas seulement des étudiants urbains». Ces militants expérimentés sont absolument déterminés et utilisent des applications «Open source» et des nuits blanches pour mener leur stratégie de «harcèlement du chantier» d’un projet «où tout cloche et qui pourtant passe en force».

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Toulouse Castres
Non à l’abattage d’arbres

C’est le désespoir face à l’avenir qui animent les opposants

Alors qu’un militant est poursuivi pour des tags réalisés sur une mairie du Tarn, ils estiment le dispositif policier employé à ce sujet comme « disproportionné ». Camille ajoute : « On nous suit, on nous prend en photo, on nous envoie des CRS de Caen ou de Toulon ». Néanmoins, chaque collectif d’actions reste indépendant et ne commente pas les actions des autres. LVL, composé de dix associations, peut se targuer d’avoir « de l’énergie à revendre » et d’apporter des ressources humaines et intellectuelles. Alain Hébrard complète : « Nous essayons d’agir dans le domaine juridique et politique », tout en ayant « une frousse bleue » lorsque deux jeunes filles s’aventurent sur un monte-charge, mettant leur vie en péril. Il rappelle que ceux qui s’opposent aux autorités le font par désespoir face à l’avenir.

Les habitants des alentours sont vigilants, les jeunes sont organisés et déterminés, les vétérans de la lutte sont présents et les grimpeurs sont expérimentés. La large variété des opposants à l’A69 complexifie les mouvements de la concession et la surveillance des autorités. Cela plaît à Camille qui ne pense pas qu’être seulement offensif est suffisant. Peut-on transformer la zone entre Toulouse et Castres en une large ZAD ? « C’est ambitieux et très compliqué, mais nous devrons attendre pour le savoir », a déclaré le militant d’Extinction Rébellion. Pendant ce temps, tous les collectifs s’accordent à dire que la « tension monte » et ils ont choisi une date pour converger: les 22-23 avril. Ils appellent à se rassembler près du tracé de l’A69 pour l’opération « Sortie de route » dont on parlait déjà beaucoup le week-end dernier. Cependant, Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur, a annoncé sa volonté de dissoudre Les Soulèvements de la Terre, l’un des groupes à l’origine de la mobilisation.

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