Une étude récente met en évidence une persistance inattendue des résidus de pesticides dans les sols français. Selon cette étude, près de la totalité des sites étudiés, soit 98%, contiennent au moins une substance pesticide. Cette découverte soulève des préoccupations quant à l’impact de ces résidus sur l’environnement et souligne la nécessité d’une vigilance accrue dans la gestion des pesticides.
Étude pilote révèle des résidus de pesticides dans les cultures, les prairies et les forêts françaises
Une étude menée par l’Inrae et l’université de Bordeaux a mis en évidence la présence surprenante de résidus de pesticides dans divers sols français, allant des cultures aux prairies permanentes et aux forêts. Cette étude, réalisée de 2019 à 2021 sur 47 sites à travers la France, révèle que près de tous ces sites contenaient des résidus de pesticides.
Les chercheurs ont analysé 111 substances et ont constaté que 98% des sites étudiés présentaient au moins une de ces substances. Les résidus détectés comprenaient 67 molécules différentes, principalement des fongicides et des herbicides.
Le glyphosate en tête, les sols contaminés dans les grandes cultures et au-delà
Le glyphosate, l’herbicide le plus utilisé dans le monde, se positionne en tête des pesticides les plus fréquemment détectés. Les parcelles utilisées pour les grandes cultures, telles que les céréales et les oléagineux, sont les plus contaminées, avec la présence de jusqu’à 33 substances différentes dans un seul site et une moyenne de 15 molécules retrouvées dans les sols.
De manière surprenante, plus de 32 pesticides différents ont également été détectés dans les sols situés sous les forêts, les prairies permanentes, les terrains en friche ou même en agriculture biologique depuis plusieurs années, bien que les concentrations soient généralement plus faibles que dans les sites de grandes cultures.
Impact sur les vers de terre et appel à une surveillance accrue des sols
Les vers de terre, acteurs essentiels de la santé des sols, sont confrontés à un « risque majeur » en raison de la présence d’insecticides et de fongicides. Le temps nécessaire à la dégradation théorique de 90% des concentrations initiales des substances est estimé à 170 jours pour le glyphosate, à 1 000 jours pour son métabolite AMPA et à plus de huit ans pour certains fongicides.
Les résultats de l’étude mettent en évidence une persistance inattendue des molécules de pesticides dans l’environnement, dépassant largement leur temps de dégradation théorique et à des concentrations plus élevées que prévu. Les chercheurs soulignent donc la nécessité d’une surveillance accrue des sols.
Appel à une surveillance renforcée des sols pour préserver l’environnement
Bien que la surveillance de la contamination de l’environnement par les résidus de pesticides soit bien établie pour les milieux aquatiques et l’atmosphère, les chercheurs soulignent que les sols sont encore insuffisamment pris en compte. Ils proposent donc une surveillance accrue en s’appuyant sur le Réseau de mesure de la qualité des sols de l’Inrae, qui compte 2 200 sites en France métropolitaine. Une meilleure surveillance permettra de mieux comprendre l’ampleur de la contamination des sols et de prendre des mesures pour préserver l’environnement.
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