La fertilisation océanique : une fausse bonne idée face au changement climatique ?

Face à l’urgence climatique, la capture et le stockage du CO2 atmosphérique apparaissent comme des solutions pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Parmi les techniques proposées figure la fertilisation océanique, consistant à ajouter des nutriments dans les eaux marines afin de stimuler la croissance du phytoplancton. Toutefois, cette méthode pourrait avoir des conséquences néfastes sur les écosystèmes marins et accentuer les effets du changement climatique.

Rôle des océans dans la capture du carbone

Contrairement aux idées reçues, ce sont les océans qui constituent les véritables poumons de notre planète en absorbant une grande partie des émissions de gaz à effet de serre. Ce rôle est principalement assuré par le phytoplancton situé en surface des eaux, capable de fixer le carbone grâce à la photosynthèse. A leur mort ou lorsqu’ils sont consommés par d’autres espèces marines, ces minuscules organismes emportent avec eux le carbone qu’ils ont capturé au fond des océans, où il est définitivement piégé dans les sédiments.

La fertilisation océanique : une technique controversée

La fertilisation océanique consiste à déverser des éléments nutritifs, tels que le fer ou l’azote, dans les eaux marines pour augmenter la capacité photosynthétique du phytoplancton et ainsi stimuler sa croissance. Cette méthode trouve sa place dans des océans pauvres en éléments nutritifs, comme l’océan Austral, le Pacifique équatorial ou l’Atlantique nord. Cependant, des études pointent du doigt les dangers de cette technique pour les écosystèmes marins et l’environnement.

  • Effets néfastes sur les écosystèmes côtiers : Une note publiée en 2010 par le Secrétariat canadien de consultation scientifique mettait en garde contre les risques écologiques et les perturbations potentiellement irréversibles causées par la fertilisation azotée à grande échelle sur les écosystèmes côtiers.
  • Pas de seuil de sécurité pour la fertilisation au fer : Plus de dix ans après cet avertissement, il n’existe toujours pas de consensus sur un seuil permettant une fertilisation au fer sans danger pour l’environnement.
  • Amplification des effets du changement climatique : Selon une étude publiée en juillet 2023 dans Global Change Biology, la fertilisation au fer pourrait accentuer les effets du changement climatique sur les écosystèmes marins, notamment dans les régions tropicales situées à plusieurs centaines de kilomètres de distance.
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Le dilemme de la géo-ingénierie

La géo-ingénierie englobe diverses technologies et idées destinées à réduire les émissions de gaz à effet de serre dans l’atmosphère et à découpler la croissance économique des émissions de CO2. Cependant, toutes les techniques de géo-ingénierie ne se valent pas en termes d’utilité, de complexité, de portée opérationnelle ou de consommation de ressources.

Miser sur la prudence

Face aux incertitudes qui pèsent sur certaines méthodes de géo-ingénierie, la Plateforme océan & climat – un réseau d’institutions de recherche spécialisées dans le lien entre la crise climatique et les océans – appelle à la prudence. Les conséquences d’une mauvaise utilisation de ces technologies pourraient être graves, diffuses et transfrontalières. De plus, les chercheurs rappellent que sans politiques ambitieuses de réduction des émissions de gaz à effet de serre à l’échelle mondiale, il sera impossible de freiner efficacement le changement climatique.

Garder espoir

En dépit des controverses entourant certaines techniques de géo-ingénierie, de nombreuses initiatives innovantes voient le jour pour préserver notre planète. Des projets tels que la compensation des émissions de gaz à effet de serre, le refroidissement des eaux de surface ou la protection de la biodiversité face au rayonnement UV offrent des pistes prometteuses pour lutter contre le réchauffement climatique. Leur mise en œuvre devra néanmoins être accompagnée d’un suivi rigoureux afin d’évaluer leurs impacts et d’éviter tout risque d’aggravation de la situation.


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