En Espagne, les immenses bassins artificiels, bien que préjudiciables, ne représentent qu’une partie du problème. L’agriculture intensive épuise la totalité des ressources en eau du pays.
L’exemple espagnol doit nous alerter !
En Espagne, la gestion de l’eau a toujours été un défi et les mégabassines ont proliféré depuis plus de quarante ans. Cependant, contrairement à la France, les écologistes se mobilisent peu sur cette question. Ce n’est pas que ces énormes réservoirs d’eau soient plus vertueux de l’autre côté de la frontière.
Mais la surexploitation des ressources hydriques par l’agriculture intensive a atteint une telle ampleur chez nos voisins que les bassines, qu’elles soient grandes ou petites, sont perçues comme l’un des nombreux aspects du pillage de cette ressource précieuse.
« Certes, elles posent problème et nous devons les dénoncer. Mais nous avons tellement de travail ici que nous ne pouvons pas nous préoccuper de tout. Nous nous concentrons sur les problèmes principaux, tels que les grands barrages et l’état déplorable des cours d’eau », déplore Julio Barea, responsable des campagnes sur l’eau de Greenpeace Espagne. « Nous sommes habitués à vivre avec les bassines et nous les considérons comme un mal mineur. »
Des eaux souterraines en mauvais état
Les agro-industriels sont les coupables de la situation dans le bassin hydrographique du fleuve Guadalquivir, en Andalousie, qui illustre parfaitement ce phénomène. Selon un rapport publié en novembre dernier par Greenpeace, 52 % des eaux souterraines de cette région sont en mauvais état et 37 % ont un niveau trop bas. Les responsables ? « L’irrigation et le manque de contrôle de l’irrigation. »
« L’utilisation de bassines pour capturer et stocker de l’eau en hiver en vue de son utilisation en été a toujours été courante, avec certaines de ces bassines atteignant deux ou trois millions de mètres cubes, construites dans les années 1970-80″, explique Joan Corominas, ingénieur agronome à Séville et vice-président de la Fondation nouvelle culture de l’eau (FNCA).
« Cependant, elles se sont multipliées entre 1995 et 2015 avec les politiques publiques de modernisation des infrastructures d’irrigation. » Les bassines remplies avec de l’eau puisée dans les nappes souterraines, plutôt que d’eau de surface provenant des rivières par exemple, sont les plus préjudiciables.
Existe-t-il une politique de gestion durable de l’eau ?
En Andalousie, ces politiques de modernisation de l’irrigation se poursuivent, notamment par le financement de nouvelles retenues d’eau. Depuis le début de l’année, deux grands bassins ont été inaugurés dans la région du Guadalquivir. Le gouvernement régional, la Junte d’Andalousie, explique : « Il est préoccupé par la sécheresse et publie des décrets, se prépare et construit des infrastructures pour lutter contre le changement climatique. »
Pour 2023, un budget est prévu pour que les agriculteurs et les éleveurs puissent, entre autres, avoir des bassins sur leur exploitation afin de mieux gérer leur utilisation de l’eau. « La modernisation des infrastructures permet d’éviter les pertes d’eau. Nous économisons 12,6 millions de mètres cubes chaque année. Les bassines collectent également l’eau de pluie », insiste-t-il.
Une productivité contre productive
Il y a différentes sortes de bassines. Selon Joan Corominas, certaines sont utilisées pour gérer la consommation d’eau de manière durable, en n’en prélevant que ce qui est nécessaire. Cependant, de manière générale, l’objectif est de prélever de plus en plus d’eau.
L’Andalousie étant une région sèche, mais avec beaucoup d’ensoleillement et des températures clémentes pendant les mois où les autres pays européens ne peuvent pas produire de fruits et légumes, l’irrigation est considérée comme essentielle pour augmenter la productivité des cultures. Cependant, cela entraîne une exportation de l’eau, car l’Andalousie est souvent surnommée le « potager de l’Europe ». Julio Barea explique : « En exportant des fruits et légumes, nous exportons en réalité notre eau, alors même que nous en manquons. »
170 000 barrages dans tout le pays
Cependant, les bassines sont considérées comme un problème de second ordre par rapport aux plus de 1 200 énormes barrages qui détruisent les cours d’eau en Espagne pour créer d’immenses réserves d’eau, bien plus grandes que les mégabassines. Au total, il y a environ 170 000 barrages, petits ou grands, dans tout le pays. Certains groupes écologistes ont même exercé une pression pour que la construction de mégabassines soit considérée comme une alternative à certains projets de barrages, souligne le chargé de campagne de Greenpeace.
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