Le gaspillage alimentaire : un triste gouffre écologique, social et financier

Les Nations Unies ont fixé un objectif ambitieux pour 2030 : réduire de moitié les pertes et gaspillages alimentaires à l’échelle mondiale. Cela permettrait de lutter contre la crise écologique et climatique, et de contribuer à la résolution d’importants problèmes sociaux et économiques. Pour atteindre cet objectif, il est nécessaire de réduire le volume de déchets alimentaires par habitant, tant au niveau de la distribution que de la consommation, ainsi que de réduire les pertes de produits alimentaires tout au long des chaînes de production et d’approvisionnement, y compris après récolte.

Pertes et gaspillage alimentaire

Chaque année, 1/3 des aliments produits dans le monde sont perdus ou gaspillés, ce qui représente 1,3 milliard de tonnes de nourriture. Il faut noter que ces pertes et gaspillages alimentaires ne sont pas les mêmes partout. Les pays en développement sont plus touchés par les pertes alimentaires tandis que les pays développés sont plus concernés par le gaspillage alimentaire. Il est important de bien distinguer ces deux notions.

Les pertes alimentaires sont la réduction de la quantité ou de la qualité d’un produit destiné à la consommation humaine à mesure qu’il avance dans la chaîne alimentaire et qui n’est finalement pas consommé. Elles peuvent se produire à toutes les étapes précédant la commercialisation : pendant la récolte (limitations financières ou techniques à l’exploitation), le stockage (mauvaises conditions de stockage qui détériorent le produit, non-respect de la chaîne du froid), le transport (produits perdus ou renversés), etc. Les pays en développement sont sujets à des taux de pertes alimentaires plus élevés, dues aux techniques de récolte, de stockage et d’infrastructures de transport limitées.

Dans les pays développés, c’est le gaspillage alimentaire qui est le plus fréquent. Ce dernier se caractérise par le fait que des produits de bonne qualité et consommables ne sont pas consommés et finissent à la poubelle. Il est causé par divers facteurs, tels que les normes de qualité et d’apparence strictes, la confusion entre date limite de consommation et date de durabilité minimale, ou encore les mauvaises pratiques des consommateurs en termes d’achat et de conservation.
En conclusion, la notion de pertes et gaspillages alimentaires est liée à la réduction, à chaque étape de la chaîne alimentaire, de produits qui étaient à l’origine destinés à la consommation humaine, quelle que soit la raison.

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Des chiffres ahurissants depuis la phase de production

En France, 20 tonnes d’aliments sont jetées chaque minute, ce qui représente environ 10 millions de tonnes par an. Cela fait environ 20% de la nourriture produite qui finit dans la poubelle. L’ADEME a constaté que ces pertes et gaspillages alimentaires se produisent à diverses étapes de la chaîne alimentaire.

Selon les chiffres, jusqu’à 32% des pertes alimentaires ont lieu pendant la phase de production. Ces pertes peuvent être dues à des conditions climatiques mauvaises, à une méthode de récolte non adaptée ou à un moment de récolte inapproprié. De plus, beaucoup de fruits et légumes ne sont pas proposés à la vente car considérés comme « hors calibres ».

Le cours de la transformation peut également entrainer des pertes alimentaires, comme une surproduction, une mauvaise gestion du stockage/transport ou des erreurs dans la recette. Les pertes pendant le transport sont également fréquentes, et peuvent être liées à une rupture de la chaîne du froid ou à une détérioration des produits.

Enfin, jusqu’à 33% des pertes alimentaires ont lieu pendant la phase de consommation. Les consommateurs jetent en moyenne entre 20 et 30 kg d’aliments chaque année, dont 7 kg de produits alimentaires encore emballés. Les commerçants sont également responsables de gaspillage, en raison de la difficulté à anticiper le nombre de clients.

D’ici 2025, la France s’est fixé comme objectif une réduction de 50% du gaspillage alimentaire comparativement à son niveau en 2015, pour les secteurs de la distribution alimentaire et de la restauration collective. D’ici 2030, on s’attend à une diminution de 50% par rapport à 2015 dans les domaines de la consommation, de la production, de la transformation et de la restauration commerciale.

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 Pollution, gaspillage énergétique et faim dans le monde

Le gaspillage alimentaire est un des plus gros contributeurs à la pollution de l’environnement. Il produit environ 3,3 gigatonnes d’équivalent CO2 chaque année. Cela correspond à l’énergie utilisée pour produire, transformer, conserver, emballer et transporter la nourriture qui est finalement jetée. En outre, 250 km3 d’eau sont gaspillés chaque année, ce qui représente près de 6% des prélèvements d’eau mondiaux. De plus, 1,4 milliard d’hectares de terre agricoles sont utilisés pour produire la nourriture qui est perdue ou gaspillée, soit 30% des superficies agricoles du monde. Il est donc très important de réduire le gaspillage alimentaire et de s’assurer que la nourriture est utilisée de manière efficace pour réduire l’impact sur l’environnement.

Près de 10% de la population mondiale souffrait de faim en 2021. C’est inacceptable, car des millions de personnes à travers le monde sont confrontées à des difficultés pour se nourrir. Selon un rapport de l’ONU sur l’état de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde, 828 millions de personnes – soit 9,8% de la population mondiale – souffraient de faim en 2021. De plus, 2,3 milliards de personnes (29,3% de la population mondiale) étaient en situation d’insécurité alimentaire modérée ou grave. L’International Food Policy Research Institute (IFPRI) estime que la réduction des pertes et gaspillages alimentaires permettrait de nourrir 2 milliards de personnes et de garantir la sécurité alimentaire tout en limitant l’empreinte écologique des systèmes alimentaires. La nourriture jetée dans les pays industrialisés suffirait à elle seule à anéantir la faim dans le monde. Il est donc urgent de se pencher sur ce sujet, à la fois sur un plan éthique et sur un plan social.

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Chaque année, le gaspillage alimentaire coûte 108€ par Français. Selon la FAO, les pertes et gaspillages alimentaires sont à l’origine d’une perte économique mondiale estimée à 750 milliards de dollars (775 milliards d’euros) par an. En France, cette perte s’élève à 16 milliards d’euros par an. En termes individuels, l’ADEME estime que chaque personne gaspille en moyenne 29 kg de nourriture par an, ce qui engendre un coût de 108€. Toutefois, cette somme ne prend pas en compte les coûts supplémentaires engendrés par les courses, la conservation et la préparation des produits alimentaires ou le traitement des produits jetés. Les Français doivent donc payer 160€ en moyenne par an pour le gaspillage alimentaire.


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