Une formidable idée d’activité familiale qui fait précieusement avancer la science

Observer et compter pendant une heure les oiseaux qui se posent dans votre jardin, dans votre parc préféré, ou depuis votre balcon. C’est ce que propose la Ligue de protection des oiseaux (LPO) et le Muséum national d’histoire naturelle depuis maintenant 10 ans, chaque dernier week-end de janvier et de mai.

Observer, compter et transmettre les résultats

Ce week-end, la LPO et le Muséum national d’histoire naturelle organisent une activité spéciale pour les personnes ayant un jardin : observer et compter les oiseaux sur leur propriété. Les participants peuvent aussi observer depuis leur balcon ou un jardin public et devront identifier et compter chaque oiseau qui s’y trouve. Les résultats doivent ensuite être transmis sur une plateforme en ligne. Des fiches d’aide sont disponibles pour les personnes qui ne sont pas familières avec les volatiles et Marjorie Poitevin, coordinateur de l' »Observatoire des oiseaux des jardins » pour la LPO, promet que ce sera amusant et relaxant. Cette initiative a désormais 10 ans et est très précieuse pour les scientifiques.

Depuis les années 2010, cette action récurrente revient aux derniers week-ends de janvier et mai. En 2012, un nombre assez important de personnes, à savoir 3.000 répondirent à l’appel, et ce nombre s’éleva à 6000 en 2013. La participation fut encore plus importante en 2017 avec un total de 10.000 personnes, et atteint un sommet en 2020 avec 40.000 personnes, poussées par l’obligation du confinement à rester chez soi.

Un projet de sciences participatives très précieux

Le Programme d’observation des oiseaux de jardins, lancé en 2008 par la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), est le plus grand projet de sciences participatives de France. Il a rassemblé 28.000 participants l’an dernier et a collecté près d’un million de données dans 58.220 jardins, desquels des sites aussi variés que le Conquet (Finistère) à Furiani (Haute-Corse) en passant par Leffrinchouke (Nord) jusqu’à Cerbère (Pyrénées orientales).

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Les informations recueillies sont une source précieuse pour les scientifiques qui étudient l’évolution des populations d’oiseaux sous nos latitudes et apportent une comparaison précieuse avec le Suivi temporel des oiseaux communs (Stoc). Ce dernier, lancé en 1989 et alimenté par des experts, se concentre davantage sur des milieux non façonnés par l’homme.

Les résultats observés en hiver

Après une décennie d’observations, les résultats sont globalement peu encourageants, selon Allain Bougrain-Dubourg, président de la LPO. Il souligne que l’hiver est une période où de nombreuses espèces d’oiseaux, telles que le chardonneret élégant, le pinson des arbres et la fauvette à tête noire, s’installent en France en quête de conditions climatiques plus douces. Autrefois, ces oiseaux se répandaient dans les campagnes, mais aujourd’hui, ils sont de moins en moins nombreux à y trouver leurs ressources alimentaires, de sorte qu’ils se tournent vers les jardins personnellement alimentés par les propriétaires.

Selon Benoît Fontaine, les chardonnerets témoignent de changements de comportements plus que d’une augmentation de leurs populations. L’observatoire des jardins démontre une importante hausse des effectifs l’hiver durant les dernières années, tandis que les relevés de STOC, principalement en milieu rural, restent constants. Compte tenu de sa facilité d’identification, cet oiseau est peu vulnérable aux erreurs de comptage.

Absent au printemps

Les comptages printaniers n’ont pas généré de résultats positifs, avec seulement 2% des espèces rencontrées à cette période qui ont vu une augmentation de leurs effectifs depuis 2013, 24% qui sont restés stables et 41% en déclin. Allain Bougrain-Dubourg note que ces tendances sont très mauvaises, notamment pour le martinet noir et le verdier d’Europe, qui ont vu une baisse de 46% de leurs abondances en dix ans. Les tendances sont similaires dans Stoc pour ces deux oiseaux.

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Le président de la LPO attire l’attention sur le déclin du printemps, car il s’agit d’espèces qui nichent en France et les changements de comportement sont accompagnés de baisses de population réelles. Benoît Fontaine fait remarquer ce phénomène.

La disparition des insectes entraîne la disparition des oiseaux

Les données recueillies suggèrent que la diversité biologique a considérablement diminué au cours des dernières années. Une étude réalisée en 2017 et publiée dans la revue PlosOne a notamment révélé qu’il y avait eu une réduction de 75 % de la biomasse des insectes volants en Allemagne sur une période de 30 ans. Les chercheurs attribuent principalement cette chute à l’intensification de l’agriculture et à une utilisation plus importante des pesticides.

La LPO et le Museum considèrent que la baisse des effectifs d’oiseaux au printemps est en grande partie due à la diminution des ressources alimentaires, étant donné que les insectes volants constituent leur nourriture principale. De plus, ils identifient d’autres causes potentielles à ce déclin, telles que les maladies, la destruction des habitats naturels, l’artificialisation croissante et des canicules répétées.

Selon Allain Bougrain-Dubourg, il a été constaté que les fortes chaleurs et les travaux de rénovation énergétique des bâtiments peuvent constituer une menace pour les oiseaux. Des températures record de plus de 40°C ont été relevées dans certains nids, entraînant leur évacuation précipitée. De plus, les travaux de rénovation impliquent souvent le rebouchage des cavités présentes dans les façades et les toitures, ce qui rend les oiseaux incapables d’y construire leur nid. Le martinet noir est particulièrement affecté par cette mesure.


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