La préfecture des Alpes-Maritimes va passer à l’état d »alerte sécheresse » dans le département en fonction de certains indicateurs. Il existe quatre niveaux de gravité allant de la « vigilance » à la « crise » qui déterminent les restrictions d’utilisation de l’eau potable. Les précipitations enregistrées et attendues sont prises en compte, mais c’est surtout l’état des cours d’eau qui détermine l’alerte.
Le niveau d’alerte s’aggrave dans le sud de la France
Le préfet des Alpes-Maritimes a décidé d’activer l’« alerte » sécheresse et signera un arrêté pour cela entre vendredi et dimanche. Ce « niveau de gravité », qui s’inscrit dans une échelle de quatre, impliquera des restrictions telles que l’interdiction de l’arrosage entre 8 heures et 20 heures et le remplissage des piscines. Cette mesure a pour objectif de préserver au maximum la ressource en eau, en très faible quantité.
Le 6 mars, les départements de l’Ain, des Bouches-du-Rhône, des Pyrénées-Orientales et du Var étaient placés sous une « alerte renforcée », caractérisée par des restrictions plus strictes. La Savoie et les Yvelines étaient quant à eux en « vigilance », de niveau inférieur. Aucun n’était encore à l’étape suprême de « crise », que l’on a connu en 2020, mais celle-ci pourrait être déclenchée dans les plus brefs délais, dans la mesure où tous les indicateurs sont au rouge.
Le ministre réclame des préfets des actions immédiates
Lundi, Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique, a réuni pour la seconde fois en huit jours les préfets afin de les encourager à prendre des arrêtés « immédiatement ». Mais sur quoi doivent-ils se fonder pour déterminer le degré de gravité à enclencher ? En plus des précipitations enregistrées et attendues, c’est surtout l’état des rivières qui définit le niveau d’alerte.
Pierre Boutot, chef du service Eau, agriculture, foret et espaces naturels à la Direction départementale des territoires et de la mer des Alpes-Maritimes (DDTM 06), explique que des grilles sont établies pour chaque rivière afin de s’assurer que les débits ne descendent pas en dessous d’un certain seuil. Ces niveaux sont considérés comme étant dangereux pour la vie aquatique. La Roya est désormais en train de flirter avec la « crise ».
Des débits extrêmement bas
Le 3 mars, un capteur installé près de l’embouchure du fleuve Var dans le département a mesuré un débit de 11,7 m3 par seconde, qui est bien en dessous du seuil d’alerte (14 m3/s) et même en dessous de celui de l’alerte renforcée (12 m3/s). La Roya, à quelques kilomètres, est déjà proche du stade de « crise », mais d’autres cours d’eau sont encore loin de « l’alerte ». Les préfectures doivent donc prendre des mesures moyennes et faire des arbitrages pour établir des restrictions.
L’an passé, nous avions attribué des degrés d’alerte différents à certains bassins-versants, mais cette méthode n’était pas très claire. Cette année, nous avons décidé de déterminer un seul stade pour l’ensemble du département », a déclaré Pascal Jobert, directeur de la DDTM 06.
Une surveillance accrue à tous les niveaux
Régulièrement, la situation sera réévaluée et de nouveaux zonages pourraient être instaurés si nécessaire. Pour mieux comprendre, les autorités publiques peuvent également se baser sur le niveau des nappes phréatiques, qui est souvent lié à celui des cours d’eau. Pour surveiller ces ressources qui alimentent en grande partie les réseaux d’eau potable, un réseau de capteurs et des sondes piézométriques sont installés pour fournir des données précises. « Il n’y a pas de normes ou de grilles, mais ces indicateurs nous aident à prendre des décisions », a déclaré Pierre Boutot.
Nous invitons les communes à nous faire parvenir leurs commentaires sur l’état des sources. Le spécialiste a déclaré que ces données issues du terrain sont cruciales. De plus, nous pouvons obtenir des informations d’éleveurs qui vivent à l’arrière-Pays et qui ont accès à des zones où nos moyens de mesure sont limités.
Les préfectures prennent en compte les données météorologiques pour effectuer leurs décisions. Plus la pluviométrie est faible, plus les restrictions sont sévères. En Alpes-Maritimes, le déficit de pluie s’élève à 50 % depuis le début de la saison de recharge, du 1er Septembre à fin Mars. Cela fait suite à une période de sécheresse qui a commencé l’année dernière, selon Pascal Jobert.
Météo-France a remarqué que cet hiver était la cinquième saison consécutive en France avec un déficit de précipitations et des températures supérieures à la moyenne. Il est difficile d’anticiper si des épisodes de pluie pourraient survenir pour aider à soulager la situation.
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