Le tri des bio-déchets : une nécessité pour rendre à la terre ce qu’elle a donné et permettre l’indispensable régénération des sols

À partir du 1er janvier 2024, les Français devront avoir la possibilité de trier leurs biodéchets, dont leurs déchets alimentaires, près de chez eux. Les déchets alimentaires représentent un gisement de 80 kg par an et par personne, qui sont actuellement le plus souvent enfouis ou incinérés alors qu’ils peuvent très bien être valorisés. Ainsi, il est important de pouvoir les collecter séparément. Il incombe maintenant aux collectivités locales de déterminer les meilleures solutions. Doit-on disposer de composteurs individuels ou collectifs dans les quartiers ? Faut-il créer des points d’apport volontaire ou procéder à une collecte des ordures en pied d’immeuble ? Il ne sera pas facile de trouver la meilleure option.

Un incroyable gâchis

Il est estimé qu’environ 80 kg de biodéchets par personne sont produits chaque année en France. Cela signifie qu’environ 5,4 millions de tonnes de ces déchets sont produites chaque année. La Loi Antigaspillage pour une économie circulaire (Agec) impose, à partir du 1er Janvier 2024, que les Français disposent d’un moyen pratique de trier ces déchets alimentaires à proximité de leur domicile.

En ce moment, les biodéchets sont principalement jetés avec les autres détritus ménagers non recyclables. Ils sont ensuite enfouis ou incinérés. Cependant, ces actions présentent des conséquences négatives, comme l’émission de méthane, un gaz à effet de serre. De plus, l’incinération d’une matière contenant 85 % d’eau n’a pas beaucoup de sens, selon Alexandre Guilluy, cofondateur des Alchimistes. Il qualifie ce processus d’« immense gâchis ».

Nous devons recueillir nos déchets alimentaires séparément afin de mieux les valoriser. Selon Alexandre Guilluy, cela peut être effectué par le compostage ou la méthanisation, ce qui permettrait de restituer la vie à nos sols qui sont de plus en plus endommagés. Cet enjeu est plus important que jamais à mesure que nous devenons conscients des conséquences de la dégradation des sols.

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Le rôle important des collectivités locales

Nicolas Garnier reconnaît que la loi Agec va dans le sens de l’histoire, et les collectivités locales sont maintenant à la tâche pour mettre en place ces solutions de tri. Paris, par exemple, a lancé des projets de collectes en porte à porte dans des quartiers spécifiques, mais les quantités récupérées sont faibles et peu d’immeubles ont la place pour une nouvelle poubelle. De plus, la gratuité des lombricomposteurs et l’installation de composteurs collectifs est encouragée, et les Parisiens impliqués sont formés et accompagnés.

La Ville de Paris ne prévoit pas d’étendre le ramassage des biodéchets en porte-à-porte à d’autres arrondissements. Pour accélérer le processus de collecte, elle installe des points d’apport volontaire. Début 2021, des bornes temporaires ont été mises à disposition sur les marchés les jours d’ouverture. Elles ont permis de collecter 500 tonnes de biodéchets. Ces bornes sont progressivement remplacées par des bornes fixes, accessibles 24h/24 et 7j/7, comme au marché de l’Olive. L’installation de ces points de collecte ne se limite pas aux 70 marchés de la capitale, mais s’étend aussi aux 400 stations trilib où les Parisiens peuvent déjà déposer leurs déchets recyclables.

Différentes solutions de collecte pour inciter la population

Le but est « d’offrir une solution de tri à chaque habitant parisien à moins de 300 mètres de chez lui ». Colombe Brossel souligne « l’importance de ne pas se concentrer sur une seule option, mais de les combiner toutes » afin de répondre à cet objectif. C’est ce que de nombreuses collectivités ont constaté, selon Nicolas Garnier, et certaines tendances se dégagent. Dans les zones rurales, le compostage à la maison est souvent suffisant. Dans le milieu urbain, la collecte en porte-à-porte est la plus adaptée mais la plus coûteuse. Ou alors le compostage collectif, à l’échelle du quartier, si les habitants s’impliquent. Enfin, dans les villes très densément peuplées, la collecte en point d’apport volontaire est la méthode la plus appropriée.

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Le délégué général d’Amorce a averti que l’objectif de chaque collectivité ayant réalisé son étude de faisabilité pour le 1er janvier ne serait pas facilement atteint. Il a souligné que le tri et la collecte des biodéchets sont coûteux, estimés à environ 10 euros par an et par habitant. Il a également signalé que le coût de la gestion des déchets et donc de la taxe d’enlèvement des ordures ménagères payée par les Français ont augmenté à cause de l’envolée des prix de l’énergie et ce sera toujours le cas en 2023.

Finalement, cette Agec ne demande qu’aux collectivités de fournir des solutions. Cependant, il n’y a aucune garantie que les Français les saisiront. « Là où cela a commencé, les collectivités ne récupèrent qu’une petite partie de ce qu’elles devraient collecter », déclare Nicolas Garnier. Ce qui signifie que ce nouveau geste de tri est encore loin d’être un réflexe en France. Alexandre Guilluy espère toutefois que cette échéance du 1er janvier 2024 sera « un point de départ » pour y parvenir.


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