Pourquoi la pratique du vélo, pourtant indispensable pour réduire nos emissions de CO2, est encore trop peu répandue en zone rurale

Malgré les efforts déployés par les collectivités pour offrir une alternative à la voiture, la pratique du vélo comme moyen de transport est encore peu répandue en milieu rural, principalement en raison des manques d’aménagements pour les cyclistes. Le jeudi et le vendredi, Rennes accueillera le congrès de la Fédération des usagers de la bicyclette, ce qui permettra d’aborder la question de la mobilité en ruralité.

La vitesse automobile incompatible avec la pratique du vélo

Les cyclistes qui ont essayé le vélo à la campagne savent très bien qu’ils risquent à tout moment d’être frôlés par des véhicules lourds circulant à grande vitesse. Selon Michel Villain, président de l’association Libourne à vélo, le principal problème est la vitesse, d’où la nécessité d’aménager des sites protégés. Le département de la Gironde, où il pédale chaque jour, est l’un des mieux dotés en pistes cyclables, mais elles sont plutôt faites pour les touristes que pour les habitants. Il rêverait que la bastide de Libourne soit reliée à Fronsac, située à moins de 3 kilomètres, mais personne ne prend son vélo car cette route n’est pas sûre.

Les chiffres sont là pour le prouver : en 2022, plus de 60 % des décès liés au vélo se sont produits en dehors des zones urbaines, le plus souvent sur des routes départementales. La vitesse est la principale cause de ces tragédies. Cette question du vélo en milieu rural sera le point central des débats du congrès de la Fédération des usagers de la bicyclette (FUB), qui s’ouvre ce jeudi à Rennes, et dont le thème sera « Le vélo, incontournable dans l’après voiture ». Cependant, expliquer aux habitants des zones rurales que l’après voiture est possible est une tâche difficile, puisqu’ils n’ont pas d’alternative.

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Un moyen de transport alternatif à l’automobile

Selon Olivier Schneider, président de la FUB, il est indispensable de promouvoir l’utilisation du vélo dans certaines régions. C’est une nécessité urgente, car le vélo est le moyen de transport le plus adapté dans ces zones où il n’y a pas d’alternative. En revanche, dans les villes, les habitants ont accès aux transports publics et sont plus enclins à les utiliser.

Depuis des années, la FUB (Fédération des Usagers de la Bicyclette) demande à l’État de s’engager dans le développement de territoires ruraux favorables à l’utilisation du vélo. « Nous voulons pouvoir tester des solutions et découvrir ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas », explique-t-elle. En vue de son congrès, la FUB veut montrer que le vélo peut s’étendre à l’extérieur des villes, à condition de le soutenir. Pour cela, des itinéraires sécurisés et séparés de la route doivent être créés, ce qui sera confortable pour les cyclistes, mais aussi pour les automobilistes.

Des investissements conséquents mais nécessaires pour la planète

Ce jeudi, le Conseil Départemental d’Ille-et-Vilaine va présenter son projet pour relier La Mézière et La Chapelle-des-Fougeretz par une piste cyclable express. Bien que situées à quelques kilomètres seulement l’une de l’autre, ces deux petites villes n’étaient pas reliées par une intercommunalité. Malgré cela, un investissement de près de sept millions d’euros est nécessaire pour réaliser cet aménagement. Bernard Leroy reconnaît : « C’est un des freins au développement, car il faut beaucoup d’argent ».

Le président de la communauté d’agglomération de Seine Eure, située près de Rouen, a réussi à faire voter la construction d’un réseau de 80 kilomètres de pistes cyclables pour les habitants du territoire. Cela prendra dix ans et coûtera 2,5 millions d’euros par an. Une chargée de mission a été embauchée il y a un an et demi pour mettre en œuvre ce projet. Des entreprises ont été contactées pour déterminer où vivent leurs salariés, et les trajets utiles et réalisables ont été analysés. 105.000 habitants vivent dans 60 communes, allant des villes moyennes à des petits bourgs. L’objectif est de relier ces communes aux zones d’activité économique et de fournir une alternative aux gens qui n’en ont pas.


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